Published On: 17 avril 2023

En 2022, j’ai eu la chance de parler à 261 personnes, de différents corps de métier, en arrêt de travail afin d’évaluer entre autre, leur niveau fonctionnement. Ils ont pris le temps de me décrire leur histoire, ce qui les a conduits en arrêt de travail, leurs aléas pour avoir un plan de traitement, leur vulnérabilité, leur espoir et leurs craintes également. C’est basé sur leur témoignage et en remerciement de leur confiance que j’ai eu envie de vous partager le visage de l’invalidité en 2022, tel que je l’ai entendu de ces 261 personnes.

À quoi ressemblent-ils? Ce sont pratiquement autant d’hommes que de femmes, la majorité en arrêt de travail pour la première fois. Le groupe étant pour la plupart âgés de 35 ans et plus. Des hommes et des femmes très renseignées au niveau des saines habitudes de vie, mais je dirais avec une grande méconnaissance de leur propre corps, de leurs signes avant-coureurs et des principaux symptômes de détresse en santé psychologique. Passionnés de leur travail, engagés, je dirais même que pour plusieurs, leur identité personnelle passait par leur titre professionnel. Des hommes et des femmes qui ne pensaient jamais que ça pourrait leur arrivée un jour. Ils ont pris sur leur épaule encore plus depuis 2 ans; plus de travail en raison de la pénurie de main-d’œuvre; des piliers-sauveurs auxquels les organisations reposaient, qui faisaient passer les vacances des autres avant les leur. Puis un matin…leur corps a tout simplement lâché; étourdissement, vision floue, incapable de réfléchir, de se concentrer, crise d’angoisse, shut down complet du corps. Certains étaient au volant d’un véhicule, d’autres en réunions trimestrielles, certains se sont retrouvés hospitalisés aux urgences, d’autres ne se sont juste pas levés un matin, incapable d’aller travailler. Presque que tous, avait la croyance à ce stade qu’un peu de repos et quelques semaines de vacances seront suffisantes pour revenir comme avant…mais non. Après la phase de dénie, est venue la phase d’acceptation ou du je m’en foutisme pour reprendre certaines expressions. C’est seulement à cette étape que le vrai travail sur soi et de réadaptation peut commencer. Avant cette phase, ceux-ci regardaient encore leur courriel, en vue de se préparer à leur retour au travail et se tenir au courant de ce qui se passait dans leur organisation. La durée moyenne après avoir autant poussé son corps sans l’écouter est près de 1 an. Je dirais qu’après 10 mois, un processus de réflexion face au retour au travail débute. Une peur de revivre ce qu’ils ont vécu les anime à l’intérieur d’eux, une anxiété qu’ils n’avaient jamais eu connaissance, fait maintenant partie de leur quotidien. Ces hommes et ces femmes dévouées, ultra sociables et de cœur, souhaitent maintenant vivre des moments de solitude, évite de se retrouver dans le public et la médication fait maintenant partie de leur vie, ainsi que la méditation et l’introspection afin de mieux prendre soin d’eux. Ces piliers, ne retournent pas tous à leur emploi d’avant. Certains choisiront une pré-retraite, d’autres accepteront un poste qui n’implique plus la gestion de personnel afin de s’enlever une charge supplémentaire de gestion, et d’autres plus jeunes, retourneront, craintif, dans un équilibre intérieur fragilisé.

Quels sont mes prises de conscience après ces 261 témoignages d’une richesse inouïe? D’abord que les besoins en santé mentale, c’est à chaque jour que ça se vit. La goutte qui déborde, le corps qui lâche, c’est à n’importe quel moment de l’année. Que croire que ça ne peut jamais nous arriver, nous met encore plus à risque puisqu’ils ont oublié de s’écouter; que notre équilibre tient parfois à un fil, et que l’ascension du retour à la santé prend le temps qu’on ne s’est jamais offert.

J’ai pris le temps de visualiser mes objectifs en 2023 après avoir entendu tous ces témoignages. C’est dans une vision concertée que mon équipe et moi-même se sont engagés en 2023 auprès de MonRelief à offrir principalement l’atelier d’autogestion Vivre avec un meilleur équilibre au travail afin de mieux soutenir les organisations et nos travailleurs vers :
• Une meilleure connaissance de SES signes avant-coureurs dans le contexte professionnel
• Une meilleure gestion de son stress au travail
• Une meilleure connaissance de soi
• Vivre avec un meilleur équilibre

C’est particulièrement dans ces moments de vulnérabilité où la tendance est à l’isolement que pour moi, l’esprit de groupe est sans aucun doute une force des ateliers autogestion, animés par deux intervenants en santé mentale.

Au Canada, c’est une 1 personne sur 2 aux prises avec des problèmes de santé mentale qui ne reçoit pas l’aide dont elle a besoin. Beaucoup de gestionnaires et de directeurs pendant la pandémie ont pris des pré-retraites ou ont accepté des postes inférieurs afin de ne plus avoir cette pression de responsabilité et subir des pressions environnantes croissantes dû au roulement de personnel ou à la pénurie de main-d’œuvre. À ces hommes et ces femmes qui se reconnaîtront dans ce blogue, j’ai le goût de vous dire de vous donner de l’importance, c’est la première étape selon moi vers un meilleur équilibre et un retour sain.

Julie Gagnon

Fondatrice Parcours Cognitif inc.
Service de santé mieux-être en entreprise
www.parcourscognitif.com

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